Présentation

Le décrochage scolaire, un enjeu éducatif devenu central

Le décrochage scolaire est devenu un enjeu central des politiques éducatives, tant nationales qu’européennes. Au-delà des querelles de chiffres (entre 120000 et 170 000 décrocheurs par an suivant les modes de recensement), il recouvre des réalités humaines complexes. Car rompre avec l’école, ce n’est pas seulement rompre avec une institution intégratrice. C’est rompre avec les savoirs et les dynamiques d’apprentissage, les adultes de l’école en tant que formateurs et évaluateurs, un projet personnel socialement lisible, des pairs dans le partage d’une relation sociale centrée sur un objet partagé valorisant et, parfois, rompre avec l’entourage.
Il existe de nombreuses études sur les causes du décrochage. L’enjeu premier, pour nous, est de permettre le témoignage de ceux dont, habituellement, on parle. Nous avons d’abord voulu donner la parole à ceux qui en sont les sujets centraux, les jeunes et les parents. Ceci a donné lieu au coffret Paroles sur le décrochage comprenant un premier volet : Paroles de décrocheurs et un deuxième : Paroles de parents de décrocheurs.
Pour ce troisième volet, ce sont des enseignants, des conseillers principaux d’éducation et des personnels de direction quotidiennement confrontés à ces parcours en rupture qui témoignent.
Il est conçu comme un prolongement qui vient compléter et mettre en perspective les regards portés sur le décrochage.

Face à cette réalité, quels principes pour agir ?

À travers ces témoignages, nous avons voulu réaffirmer les principes qui guident notre engagement, auprès des jeunes gens et des familles. Ces principes, tiennent en peu de lignes:

  • Tout enfant est éducable : chaque élève peut progresser et les équipes
    éducatives, dans leur ensemble et sans exclusive, doivent y concourir.
  • L’École doit être inclusive: elle doit s’adapter aux réalités des élèves
    pour leur offrir un cadre propice aux apprentissages.
  • L’École doit développer cette capacité à s’adapter sans externaliser la difficulté, tout en s’appuyant sur des partenariats fiables: c’est à
    l’École d’offrir prioritairement des solutions aux élèves en rupture.
  • La dimension éducative est déterminante dans le rapport qui s’établit
    entre le jeune et l’adulte.
  • Les parents doivent avoir toute leur place dans l’école, et pas seulement
    celle qui leur est assignée par l’institution.
  • Les personnels, au sein des équipes éducatives, doivent pouvoir
    développer des projets innovants en s’appuyant sur leur expertise et leur expérience.

Qui témoigne et dans quel cadre ?

Ce troisième volet Paroles d’enseignants, de CPE et de personnels de direction est conçu comme une suite, venant en complément des deux précédents Paroles de décrocheurs et Paroles de parents de décrocheurs dont la vocation était de permettre l’expression des premières victimes du décrochage scolaire: les jeunes eux-mêmes, bien sûr, mais aussi leurs familles. Paroles de décrocheurs rendait compte du ressenti de jeunes vis-à-vis de leur parcours chaotique dans l’École. Paroles de parents de décrocheurs mettait à jour le rapport des familles à l’institution scolaire lorsqu’elles avaient été confrontées au décrochage de leurs enfants. Dans les deux cas, ils en avaient fini avec l’École : quelle que soit la façon dont l’aventure scolaire s’était achevée, elle était derrière eux. Il s’agissait ainsi de recueillir une parole sensible, basée sur un ressenti et une analyse rendus possibles grâce à l’apaisement et à la distance qu’offre le temps.
Ce troisième volet, en donnant la parole à des enseignants, des conseillers principaux d’éducation, des personnels de direction qui sont, au quotidien, confrontés au décrochage scolaire, permet la mise en perspective des différents regards portés sur le décrochage. Chaque année, ils voient des élèves sortir précocement de l’École, et donc celle-ci ne pas remplir jusqu’au bout son rôle. Cette réalité est toujours d’actualité pour chacun d’entre eux. Ils ne peuvent donc pas faire preuve de la même distance que les précédents témoins. En revanche, nous avons essayé de recueillir la même parole sensible. Il ne s’agissait pas d’aller chercher une parole d’experts, que l’on peut facilement trouver, mais bien d’entendre comment des personnes ayant fait de l’École leur profession se trouvent bousculées par ce phénomène.
Les professionnels qui témoignent travaillent en collège ou en lycée (professionnel, technologique ou général). Ils participent à des projets particuliers ou agissent simplement dans leur établissement et leur classe. Ils ont été rencontrés dans le cadre des actions menées par l’Observatoire Universitaire International de l’Éducation et de la Prévention (OUIEP). Cette structure universitaire dépendant de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) a pour vocation de développer des recherches autour des nouvelles problématiques éducatives (climat scolaire, violence, décrochage, discrimination…), mais aussi de proposer des formations et des accompagnements permettant de faire le lien entre les connaissances issues de la recherche et le terrain.

Quels partis pris de la réalisation ?

Il s’agit d’un document pour faire entendre une parole !
Sa réalisation relève plus du document que du documentaire. Pour autant, elle s’appuie totalement sur une démarche documentaire. Il s’agit de travailler à “faire entendre” le point de vue des gens sur ce qu’ils vivent et de créer les conditions d’une écoute.
Conçu comme une suite au coffret Paroles sur le décrochage la démarche adoptée reste identique à celle que nous avions choisie précédemment, pour maintenir une continuité tant sur le fond que sur la forme.
Là encore il n’est pas question de recueillir les témoignages à chaud c’est à dire avant que les personnes interrogées aient eu le temps de se forger une opinion, de développer une pensée. L’enjeu est de faire émerger une parole analytique sur une situation, par ceux là mêmes qui l’ont vécue. La mise en scène de ces témoignages repose notamment sur le respect du temps nécessaire pour que cette pensée puisse se dérouler.
Il n’est donc pas question, ici, répétons-le, de recueillir une parole de spécialistes, encore moins une “parole sur” mais de faire émerger une parole de l’intérieur pour donner à entendre des témoignages qui partent d’expériences singulières. Pas de regard en surplomb mais une approche sensible où la parole documentaire constitue l’individu subjectif, le définit dans sa relation aux autres.

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